Rien d’extraordinaire

L’autre jour, alors que je faisais un tour à la FNAC, j’ai échoué au rayon Développement personnel.

Il faut savoir que je suis archi-cliente du développement personnel. Ça me fait rêver 🤩 J’adore tous ces gens qui te disent que tu peux réaliser tes rêves, devenir une meilleure personne, améliorer ton quotidien, résoudre tes problèmes. Je trouve ça magique.

Mais en vrai, j’achète rarement ce genre de livres, pour deux raisons : déjà, parce qu’on sombre vite dans le spirituel, voire dans l’ésotérisme, et personnellement ce n’est pas ma came, et aussi parce qu’en fait, tous ces livres racontent peu ou prou la même chose. Il n’y a pas 15 000 moyens d’améliorer sa vie, quand on regarde bien. On avance comme on peut, on règle ses problèmes comme on peut en fonction de leur gravité, on bâtit pas à pas son rêve, son objectif, sa vie idéale, et peut-être qu’on deviendra la personne heureuse que l’on a toujours voulu être.

Ce jour-là, il y avait ce bouquin à la couverture orange dans le rayon, L’Art subtil de s’en foutre, de Mark Manson. Je le prends et je l’ouvre au hasard, au chapitre “tu n’es pas extraordinaire, tu sais”, et je lis ce passage “Être ‘moyen’ est devenu le nouveau marqueur de la nullité. À croire que le pire qui puisse t’arriver, c’est de figurer au milieu du peloton, pile au milieu de la courbe en cloche […] Beaucoup de gens ont peur d’accepter la médiocrité, persuadés que s’ils l’acceptent, ils n’arriveront jamais à rien, ne sortiront jamais de l’ornière, et que par conséquent leur vie aura été sans valeur.

Et du coup je l’achète.

(je résume à la louche mais dans son bouquin, qu’on pourrait intituler “arrête de te mettre la rate au court-bouillon), Mark Manson va à contre-courant du développement personnel, celui qui veut qu’on cherche constamment à s’améliorer, à s’élever, pour trouver le bonheur et réaliser ses rêves. L’auteur, lui, considère qu’il vaut mieux faire l’inverse : la recherche du bonheur est un fardeau. Il s’agit de se battre pour un objectif ou un rêve, la plupart du temps matérialiste et dicté par la société, alors que cet objectif ou ce rêve apportera à son tour son lot de problèmes, et ainsi de suite. Courir après le “toujours mieux” est fatiguant, ingrat et source de douleur et de frustration. Chercher à tout prix le positif ne fait que souligner “ce qui nous manque” pour être plus heureux (de l’argent, de l’amour, de la fame, etc). Et en agissant ainsi, on perd de vue ce que l’on souhaite vraiment. Je ne suis pas fan de tout ce que raconte l’auteur, loin de là, mais ça fait mouche)

 

Tu n’es pas extraordinaire, tu sais

J’ai toujours été moyenne en tout. Mes notes à l’école étaient moyennes, je me sentais moyenne en tout, dans mon comportement de fille qui ne fait pas de vague, dans mes aspirations et mes rêves d’avenir (pas de vague, toujours), dans ma façon de m’habiller dans la vie de tous les jours (jean-Doc Martens-pull), jusque dans la couleur naturelle de mes cheveux, châtain fadasse.

Et forcément, lorsque l’on grandit en étant moyenne, lorsque l’on s’adonne à une discipline artistique et/ou intellectuelle comme l’écriture, quand on publie ses livres, on espère briser la malédiction. Devenir l’autrice du moment, être un succès d’(auto)édition. Ou, à défaut, être reconnue pour ses livres, recevoir un prix littéraire, vendre assez de livres pour que le public sache que mon travail vaut le coup, puisque le nombre d’exemplaires vendus d’un bouquin est l’unité de mesure de sa réussite (voire de sa qualité, selon certains).

Du coup, lorsque tu bosses à fond les ballons depuis trois ans, que tu as sorti une dizaine de livres et que tu ne décolles toujours pas, tu as deux réactions : tu chiales, déjà, et ensuite tu te dis que tu n’es toujours pas sortie du peloton des moyens, et que tu y resteras cantonnée toute ta vie. Tu ne seras pas une écrivaine exceptionnelle. Tu ne seras pas extraordinaire. Fuck.

Et pourquoi ça fait chier ?

Le livre de Mark Manson m’a obligée à me poser la question suivante : “pourquoi ça fait chier ? ?”

  • Pourquoi ça m’ennuie tant que ça de ne pas être une autrice reconnue ? (au-delà du fait que j’aurais aimé pouvoir vivre de ma plume ?) Parce que j’ai toujours été moyenne dans ma vie, et que j’aurais aimé m’en sortir.
  • Et pourquoi ça fait chier ? Parce que j’aurais aimé être quelqu’un qui ne rase pas les murs. Parce qu’au collège et au lycée, je faisais partie des “moyens”, ces gens qui n’étaient pas populaires mais qui n’étaient pas non plus les plus bizarres/ostracisés de la classe, ceux qu’on ne voyait pas beaucoup, qui ne faisaient pas de vagues.
  • Mais pourquoi ça fait chier ? Parce que j’avais des copines et des copains, mais pas de vrai·es ami·es, probablement parce que j’étais inintéressante, ou alors un peu bizarre, mais pas assez pour me faire remarquer, pour susciter un vrai intérêt. Ou alors, quand j’avais de vrai·es ami·es (le peu que j’en ai eu), ça n’a pas duré, ils se sont éloignés sans que je comprenne pourquoi sur le moment, alors que les raisons sont les mêmes : pas exceptionnelle, pas intéressante, bizarre-mais-pas-trop, un peu gênante.
  • Mais POURQUOI ça fait chier ? ? Parce que je me suis sentie seule toute ma vie, et parce que j’étais trop timide/anxieuse socialement pour sortir de mon petit cercle de moyenneté.

À force de me demander pourquoi, à force de creuser couche après couche dans les endroits qui font le plus mal, j’ai fini par comprendre où se trouvait le problème. Bon, en vrai, c’est un problème que j’ai déjà identifié, en m’interrogeant sur les trucs qui m’ont fait mal dans ma vie et en me demandant pourquoi j’écris, mais cela ne fait que prouver une chose : ce p*tain de problème est à la base de tout.

Dans le livre, l’auteur préconise de renverser les valeurs qui nous poussent à accomplir ce que l’on veut accomplir pour se demander si 1) on a vraiment envie de l’accomplir et 2) on le fait pour les bonnes raisons. La plupart du temps, ces valeurs sont inculquées par la société, et concernent le plus souvent la réussite matérielle… or, si je réfléchis bien, j’ai tendance à formuler mon rêve/objectif d’écriture par “je veux vivre de ma plume”.

Alors oui, je voudrais vivre de ma plume, parce qu’écrire est la seule chose que je sais faire (et je sais que je le fais pas trop mal), et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas exercer le métier qui me plaît et me convient le plus. Mais lorsque je regarde mes échecs dans le rétroviseur, lorsque j’analyse ce que j’ai ressenti à la sortie de chacun de mes livres, quand je regardais mes chiffres de vente si ridicules que je n’osais même pas faire un post de remerciement parce que ça me donnait l’impression de mentir (”merci mille fois pour vos commandes si nombreuses, ça me fait tellement plaisir 🥰🥰🥰” alors que tu en as vendu 10 et que tu sais que dès le lendemain, c’est terminé, bof), bref, lorsque je repense à ce que j’ai éprouvé, la honte et l’humiliation, la déception +++, la démotivation sous le niveau de la mer, je réalise que ça ne concerne pas totalement le simple fait de vouloir gagner des sous pour payer mon loyer. Je ne me sentais pas aussi mal lorsque je fabriquais des bijoux et que certaines ventes faisaient des flops.

Non, en vrai, c’est mon ego qui prend un coup, mon besoin de sortir du peloton de la moyenne. La malédiction n’est pas brisée, il faut donc tout recommencer et croiser les doigts. “La prochaine fois sera la bonne.”

Le problème à l’envers

Mais je prends peut-être le problème à l’envers. Je regarde à travers le mauvais prisme.

Si la société d’aujourd’hui, celle qui aime les héros, les belles histoires de réussite à la JK Rowling (dont le cas est unique au monde), les célébrités & influenceurs dont la valeur se compte en millions d’abonnés sur Instagram, si cette société rejette les “moyens”, c’est probablement qu’elle a tort. Et donc arrêter de courir après cet objectif illusoire d’atterrir sur le haut du panier.

Pour résumer, ce n’est pas la valeur qui doit me pousser à accomplir mon objectif.

Mes valeurs, pour m’y être penchée au moment où je bossais les bases de ma com’ et de mon travail en général, sont celles de la créativité, de la gentillesse, de l’entraide et de l’empathie. Je m’efforce de les injecter dans tous les aspects de ma vie : au quotidien, avec les gens que je connais et les inconnus, dans ma communication, dans mes histoires… Et si je regarde à travers leur prisme, je vois ça : une nana qui n’a certes pas beaucoup un grand lectorat, mais qui réussit quand même à en toucher quelques uns grâce aux histoires qu’elle écrit, de la manière la plus sincère et sensible possible.

Des lectrices et des lecteurs qui vivent des histoires extraordinaires pleines de magie et d’autres mondes.

Des lectrices et des lecteurs qui se reconnaissent dans mes personnages, qui ont vécu des choses similaires ou qui comprennent leur réaction.

Des lectrices et des lecteurs qui me lisent depuis près de dix ans pour certains, qui me partagent leur avis, mais aussi leurs passions et leur vie.

Des lectrices et des lecteurs qui ont retrouvé le goût de lire, voire d’écrire pour certain·es.

Des lectrices et des lecteurs qui me disent que je suis leur modèle, parce que malgré les pétages de gueule à répétition, malgré le doute qui revient toujours toquer à la porte au pire moment, malgré les déconvenues, je me relève et je n’abandonne pas (j’ai adapté le slogan du film Edge of Tomorrow (Vivre, Mourir, Recommencer) en Écrire, Se Planter, Recommencer.

Avec mes bouquins, j’ai créé un accès direct à mon cerveau, soit l’inverse de la solitude. Des gens peuvent y découvrir mes histoires, mes personnages, mais aussi mes peurs, mes rêves, mes mystères, mes souvenirs, mes délires, et tout un tas de trucs que personne ne voit jamais.

Si c’est pas extraordinaire, ça.

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12 réflexions sur “Rien d’extraordinaire”

  1. J’aime beaucoup la conclusion. Pendant un temps j’avais essayé d’apprendre à mieux me vendre pour vivre de ce que je fais (idem, pratique artistique) et je me suis rendu compte à quel point le fait de ne pas être le meilleur est méprisé. Sauf que ça ne tient pas compte de tout ce que le concept de « meilleur peut avoir de creux ». Je n’ai même pas essayé, par ce que ça n’a pas de sens. Et parfois, être dans la moyenne est déjà une réussite.

    1. De toute façon, le meilleur moyen d’atteindre son objectif, c’est de commencer par définir quels sont nos critères de réussite, et surtout de réfléchir à nos propres valeurs. Ça rend les choses plus faciles, surtout dans le cadre d’un travail artistique ! Et je suis d’accord, être dans la moyenne est déjà une réussite, et ça ne fait pas de mal de le rappeler.

  2. Je ne suis donc pas la seule à avoir des cheveux châtains fadasses ? (En vrai, juste moches, je ne connais même pas la teinte exacte. ^^)
    Sérieusement, ça me fait penser au bouquin de Meurice, Petit éloge de la médiocrité. Je ne l’ai pas lu, mais je me dis que ça pourrait me faire du bien de lire un truc du genre. Pour « accepter » que je suis moyenne en fait.
    Et tes questions font écho à des questions que je me pose et à des trucs qui m’attristent, qu’il faudrait que je creuse peut-être… Mais en tout cas, j’adore ta conclusion et j’espère que tu parviendras à garder ces ultimes regards sur ta situation en tête, plutôt que les questions qui minent.

    1. (bouh, mon site est méchant, il a mangé mon commentaire)
      En vrai je trouve que le châtain n’est pas si moche, mais j’ai passé des années avec les cheveux noirs ou rouges, alors ça rend tout de suite les choses un peu banales de se retrouver sans couleur ! (sans compter les cheveux blancs, pas assez nombreux pour que ce soit joli).
      Il faudrait que je lise le livre de Meurice, tiens. En tout cas, le propos me rappelle beaucoup celui de l’Art subtil de s’en foutre, et c’est quelque chose que j’aimerais beaucoup creuser. Quelque part, ça fait du bien de sortir des tiroirs les trucs qui font mal, pour les examiner ! J’essaie de faire ce travail depuis quelque temps, je me demande pourquoi je réagis de telle manière à tel ou tel truc, et ça marche à peu près. J’espère en tout cas que tu arriveras à trouver les solutions et les réponses que tu cherches !
      Merci d’être passée par ici ♥

      1. Oui, il y a des nuances sympas, mais en vrai, je ne suis pas sûre d’avoir les cheveux châtains, c’est peut-être juste blond « sale »… je ne sais pas, c’est indéfini. Mais bon, bref. Comme pour le reste, j’aurais trop la flemme de me faire une couleur, donc balek. J’attends les cheveux blancs. (Heureusement que je suis assez patiente. ^^)
        Oui, les deux livres – sachant que je n’ai lu ni l’un ni l’autre – semblent se faire écho sur certains points.
        Et après, tu arrives à changer certaines réactions ou à recevoir les événements différemment ?

        1. Ah oui, j’aimerais avoir plus de cheveux blancs ! (ou gris, peu importe) C’est joli et ça permet de ne pas avoir à s’en occuper. Malheureusement, les miens sont trop peu nombreux pour que ce soit joli, alors bon. Sinon, pour le moment, j’ai envie de dire que ce n’est que le début ! J’arrive à me poser des questions, déjà — sur pourquoi je réagis de telle ou telle manière, pourquoi tel truc est arrivé, pourquoi tel truc m’ennuie — mais pas encore à le faire de façon systématique, ni à appliquer une solution pour améliorer les points qui m’ennuient ou me font du mal. Parfois, par contre, j’arrive à trouver des solutions. Le truc, c’est de les appliquer ! Je pense que ça demande beaucoup de temps, de faire ce travail-là. Surtout que dernièrement j’ai eu du mal à me poser pour journaler (et que j’ai un peu trop la tête dans mon roman en cours d’écriture. Ça prend trop de place !). Ah, j’avais oublié de mettre le livre de Meurice dans ma wishlist, j’y vais de ce pas !

          1. Même quand on se connaît et qu’on se comprend (partiellement), c’est parfois difficile de voir les choses différemment. Ce n’est pas facile de devoir parfois se remettre en cause ou de forcer sa nature à réagir différemment de ce qu’on a toujours fait. Rien ne se fait en un claquement de doigt parce qu’on l’a décidé.
            (Je ne sais pas ce que vaut le livre en lui-même, mais la thématique me plaisait bien.)

  3. Merci beaucoup pour ce billet, Rozenn. J’admire ta capacité d’auto-analyse, et la vulnérabilité dont tu témoignes en public.

    Je me reconnais dans certains aspects de ce que tu décris. J’ai longtemps ressenti un sentiment de déception généralisée, de ne pas avoir « percé », de ne pas mériter quelque chose que j’estimais mériter. J’avais l’impression que tout le monde réussissait (à publier un livre, à être interviewée dans des magazines cool, à avoir une communauté étendue sur Insta, ad lib.), sauf moi.

    Comme toi, j’ai été amenée à me poser ces « pourquoi ? » incessants, jusqu’à ce que je touche un nerf et que tout commence à s’expliquer, un peu comme si un énorme abcès commençait enfin à crever.

    Cela fait plus d’un an maintenant que j’ai ralenti à l’extrême – pour ne pas dire arrêté – de publier quoi que ce soit sur le net, que ce soit sur mon blog ou les réseaux sociaux. J’en étais arrivé à un tel niveau d’insatisfaction et de frustration, que cela avait fini par devenir une ombre permanente dans mon esprit ; une espèce d’arrière-pensée indéboulonnable, qui me répétait par tous les moyens possibles que mon travail n’était tout simplement « pas assez bon ».

    Cette pause relative m’a permis de libérer beaucoup de temps libre, et de me remettre à créer pour moi, sans montrer le résultat sur Internet. Peu à peu, le lien entre créer et l’approbation commence à se détendre. Je m’habitue à ne plus avoir aucun retour sur ce que je crée, et c’est très bien ; plus de 20 ans de blogging et de partages compulsifs en ligne avaient laissé des traces.

    Grâce à ce détachement progressif, j’observe que je suis moins stressée, moins crispée, plus inspirée, même si j’ai encore parfois des « pics » d’anxiété vis-à-vis de cette absence (« tout le monde m’aura oubliée », « je suis en train de ruiner mon lien à la micro communauté que j’avais si difficilement créée », etc.).

    Les réseaux sociaux nous martèlent, plusieurs fois par jour, que seuls des chiffres élevés sont synonymes de succès. Il n’en est pourtant rien, d’un point de vue moral. C’est seulement au regard du capitalisme et de la rentabilité que les chiffres (plus de ventes, plus de chiffre d’affaire) que cela a de l’importance. Et comme nous vivons dans une société qui ne soutient pas les artistes, cela nous oblige, quand on ne touche pas de salaire, à y prêter beaucoup d’attention aussi, malgré nous.

    Le risque, c’est de finir par associer notre pratique créative à de nouvelles déceptions en devenir, penser que si on n’a pas vendu telle ou telle œuvre, c’est parce que notre travail est mauvais. C’est un biais cognitif : voir une causalité là où il n’y en a pas forcément.

    Le lien avec notre propre créativité et nos propres envies souffre de cette erreur d’interprétation du réel, qui nous est intimé par du matraquage incessant (et dont le développement personnel anglo-saxon se fait le porte-voix plus souvent qu’à son tour).

    Dans un tel contexte, chouchouter sa créativité et son plaisir, redécouvrir et écouter ses envies, passer du temps de qualité à faire des choses que l’on adore et qui ne sont pas monétisées, trouver du soutien auprès de quelques personnes qui comprennent et savent exactement ce que tu vis, tout ça peut aider à prendre du recul vis-à-vis de ce système mortifère pour ta créativité et ton kiff d’écrire et de partager ton univers.

    En somme : prioriser ce que l’on aime soi-même, ce qui nous fait du bien, ce qui nous exalte, indépendamment des réactions d’autrui, pour maintenir frais et motivant ce lien profond à notre raison de vivre, c’est-à-dire la création. Les chiffres ne disent rien de toi. Il y a de sombres bouzes qui se vendent à des millions d’exemplaires. Il y a des chefs d’œuvre méconnus.

    On a aussi, heureusement, le droit d’exister en dehors de ces extrêmes, et de reconquérir un espace de créativité libéré de nos propres idéaux exigeants. Que ferais-tu même si personne, jamais, ne s’y intéresserait ? Continuerais-tu à écrire si tu avais zéro public ?

    Pour ma part, ce qui m’aide, c’est de participer à des ateliers pour découvrir des domaines créatifs qui me sont étrangers, de prendre des cours de gravure, de me promener et d’avoir une pratique sportive douce. Tout cela me permet de me changer les idées, de satisfaire ma curiosité, et de relativiser mes soucis ou angoisses du moment. Je réalise que, oui, je continue à dessiner, à graver, à écrire, même en ayant zéro public, et même si ce n’est pas extraordinaire. Mon plaisir à *faire* est plus grand.

    1. Oups, je détecte plein de coquilles en me relisant… Mais je suis heureuse d’avoir répondu de manière spontanée à ton article, plutôt qu’avoir cherché à peaufiner et finir par juger que ce n’est pas assez bon pour être publié.

    2. Ce phénomène d’avoir l’impression de n’être personne si on ne publie pas/n’est pas connu/n’a pas réussi quelque chose a empiré, je trouve, avec les réseaux sociaux. On aime beaucoup trop les « belles histoires », ce qui fait que si on n’en a pas vécues soi-même, on a l’impression de ne rien valoir. Enfin, en tout cas, personnellement c’est ce que j’ai longtemps ressenti. Et encore une fois, les réseaux sociaux en sont les coupables ! Une pause comme tu l’as faite doit faire beaucoup de bien. J’aimerais beaucoup pouvoir me passer d’Instagram par exemple, mais pour le moment ce n’est pas encore possible (notamment à cause de ce que tu dis, la peur d’être oubliée).

      Et oui, je suis d’accord, les chiffres élevés des réseaux sociaux ne servent pas à grand-chose pour soi, pour notre bien-être, notre « élévation » (je ne sais pas comment dire autrement). Et de toute façon, quand on regarde bien, ça ne garantit jamais un salaire puisque de nombreuses personnes avec d’énormes comptes ne gagnent pas assez leur vie avec. En fin de compte, on passe surtout notre temps à alimenter la machine. Souvent, je me demande ce qu’il se passera le jour où tout ça s’enrayera. J’ai hâte !

      Pour répondre à ta question quant à savoir ce que je ferais si personne ne s’intéressait à mon travail, eh bien, je n’écrirais pas ! Je n’ai jamais écrit pour moi (c’est le sujet d’un prochain article, ça, qui attend dans mes brouillons que je le termine), je l’ai toujours fait pour être lue. Écrire est très pénible : ça prend énormément de temps, ça demande beaucoup d’investissement personnel, et ça finit par bousiller le corps quand on arrive à un certain âge. Et en vrai, je n’ai jamais aimé écrire. J’aime raconter des histoires (et les vivre à l’intérieur de moi), mais pas les écrire. Je le fais parce que c’est ironiquement le seul truc que je sais faire correctement et que je n’ai jamais lâché. Donc il est probable que je griffonnerais quelques éléments de lore dans des carnets, mais rien de plus !

  4. Ah les livres de développement personnel ! Ils promettent tellement monts et merveilles. J’en ai déjà acheté quelques uns et je ne les finis jamais. Peut-être parce que leurs promesses sonnent en creux chez moi. Et peut-être aussi parce ce qu’ils proposent me demandent un trop gros effort à l’instant T.
    Il n’y en a qu’un que j’avais bien aimé, c’était la méthode Kaizen ou la méthode des petits pas : décomposer un objectif en plusieurs petites étapes, plus gérables. Cela me correspondait mieux ^^.
    Et puis « changer ta vie », cela va bien quant tu es tout seul, mais quand tu as une famille et un chien ^^, c’est un peu plus dur de modifier les choses (ce n’est pas insurmontable, mais cela demande parfois un temps que tu n’as pas).

    Après, il est vrai qu’il faut se poser la question de pourquoi nous voulons changer, pour être « meilleur ». Pour soi ou pour les autres ? Et qu’est-ce que cela reflète de nous ? Et de notre société, évidemment.

    Mais sinon, pour revenir à toi, je trouve que tu es merveilleuse, déjà par le fait d’écrire de si belles histoires, des histoires entremêlées en plus et aussi par ta ténacité. Même si c’est dur, tu ne renonces pas à écrire et à essayer d’en vivre.
    Et puis ton côté touche à tout aussi : je suis admirative devant les couvertures de livres que tu as crée ♥

    Et pour terminer sur les gens moyens, on a ceci d’extraordinaire de continuer à faire marcher notre société (bon, parfois elle se casse la gueule aussi, on l’a vu dernièrement). Pour faire briller une étoile, il faut plein d’atomes 🙂

    1. C’est tout le problème avec ces livres, soit ils sont très vagues et nous balancent des généralités, soit ils demandent beaucoup de travail. Résultat : on culpabilise très vite de ne pas y arriver !
      Je ne connaissais pas le terme de Kaizen mais c’est quelque chose que j’applique tous les jours, avancer pas à pas et voir loin pour réussir à atteindre ses objectifs (j’ai commencé la gym comme ça, par exemple, en me disant que les premiers résultats se verraient à la fin de l’année).

      La plupart du temps, on veut être meilleur pour les autres, et c’est bien le drame. Ce sera à celui qui aura le plus d’abonnés sur son compte Insta, ou le plus de revenus, le plus de ventes… Alors qu’il faut penser à soi en premier.

      En tout cas, merci beaucoup, ça me fait toujours aussi plaisir

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